Du
plus loin quelle se souvienne, le monde de Lucy
Acevedo a toujours été baigné
de musique. Dès sa plus tendre enfance, elle écoute
et simprègne avec avidité de tout
ce qui passe à portée de son oreille. Un
cahier posé sur ses genoux à labri
du regard de ses professeurs, elle apprend durant les
cours les paroles de ses chansons préférées.
Lors dun concours de jeunes talents organisé
dans sa ville natale dEl Callao, ville portuaire
péruvienne au sud de la capitale Lima et berceau
de la canción criolla - la chanson créole
-, la petite fille de sept ans regarde avec admiration
les candidats qui se succèdent sur scène.
Alors que le choix du gagnant est déjà pratiquement
fait, un guitariste ami de la famille la soulève,
la place sur le podium et lui demande de chanter "
Con tanto a Dios ", une ballade de Los Angeles Negros,
un groupe célèbre de lépoque.
Succès immédiat !
Elle gagne le concours et court apporter fièrement
sa récompense, une petite somme dargent,
à sa mère. Ce fut ainsi, presque "
par hasard ", le début dune longue
carrière musicale au service de la chanson péruvienne.
Durant quelques années, elle chante surtout les
boleros, les baladas et les vals, plus appréciés
par le public dalors que la música negra,
la musique des noirs du Pérou.
Cest pourtant dans cette dernière que Lucy
Acevedo se reconnaîtra et amènera à
son point culminant son talent de chanteuse. Grâce
à une voix à la fois forte et énergique,
mais aussi émouvante et sensuelle, elle est bientôt
considérée au Pérou comme la digne
descendante des grandes stars comme Lucha Reyes, Eva
Ayllón ou encore Chabuca Granda, avec qui elle
travailla quelque temps. Entre El Callao et Lima, elle
apprend à maîtriser avec force et grâce
l'art de la música costeña, la "musique
de la côte" appelée ainsi par opposition
à la musique andine, "des montagnes".
Mais la créativité et l'énergie
qui la caractérise lont également
amenée à partir à la rencontre
de nombreux publics, tout d'abord dans les différentes
régions du Pérou, puis au Brésil,
au Chili, à New York, Los Angeles, San-Diego
ou Mexico, contribuant ainsi à la diffusion et
à la reconnaissance internationales de cet art
authentique. Et finalement en Europe, en Allemagne,
en Italie et en Suisse où, depuis une quinzaine
dannées, elle continue d'accomplir avec
brio ce qu'elle-même appelle sa mission : présenter,
faire vivre et promouvoir la musique afro-péruvienne.
Elle a su pour cela s'entourer de musiciens talentueux.
Paco
Chambi est né à Magdalena del
Mar, un quartier de Lima. À cinq ans, suivant
ses parents à Chancay, au nord de la capitale,
il fait sa première rencontre avec la musique
dinfluence africaine au travers d'un musicien
noir qui léveille aux sons et aux rythmes
de cette tradition. À onze ans, il commence la
guitare au conservatoire de Lima ; puis, dès
l'âge de treize ans, il participe à un
groupe qui joue de la guaracha et du son cubain, Los
Tigres de Chancay, avec qui, un an plus tard, il enregistre
son premier disque. Il habitera également à
El Callao, où il forme un groupe de musique andine
appelé Canela, tout en suivant des cours à
l'Ecole nationale de folklore et au Conservatoire. Fort
de toutes ces expériences, il devient rapidement
un excellent interprète tant de musique classique
que de musiques populaires péruviennes, créole
et andine. C'est lors d'une tournée en Europe
avec la chanteuse Martina Portocarrero qu'il décide
de sy établir. Depuis dix-sept ans, il
vit en Suisse où, après des études
uniuversitaires, il se consacre à la musique
en suivant lenseignement du guitariste Paco Carbonel
au Conservatoire populaire de musique de Genève.
Également initié aux techniques denregistrement
de studio et à la musique assistée par
ordinateur (MAO), il allie la technique, lenseignement
et la pratique musicale ce qui lui permet de vivre de
sa musique. Travaillant aussi avec plusieurs autres
formations de musique latino-américaine comme
Santa Raices ou Flor y Canto, cest lui qui signe
les arrangements du groupe de Lucy Acevedo et qui nous
offre les traits de guitare subtils et vivifiants qui
illuminent ce disque.
Nicolas
Wetzell Jr.
est né à Lima, Pérou, le 27 juin
1963. Il est le fils du compositeur péruvien
Nicolas Wetzell, qui lui apprend à jouer de la
guitare dès son plus jeune âge et avec
qui il se produit dans divers programmes télévisés
nationaux et reportages qui lui sont consacrés.
A partir de lâge de 11 ans, il étudie
la guitare classique au conservatoire de Lima avec Juan
Brito et Virginia Yep. Par la suite il se produira dans
de nombreux groupes locaux jusquen 1987, date
de son départ du Pérou avec le groupe
Del Pueblo Del Barrio, pour une série dengagements
à létranger dont le New Music American
Miami Festival (USA) et autres concerts en Europe. Il
sétabli à Genève en 1988,
où il poursuit ses études au Conservatoire
Populaire de Genève jusquà lobtention
de son diplôme de guitare en 1992. Il joue ensuite
avec des groupes de différents styles de la scène
genevoise jusquà sa rencontre en 1995 avec
la chanteuse nord-américaine Jennifer Weatherly.
Depuis lors, il laccompagne régulièrement
dans de nombreux festivals européens. En 1998,
il établit des liens avec Sony Music et entre
dans le staff des compositeurs du label. Depuis le début
de lannée 2002, il a rejoint lensemble
Karimba, qui accompagne Lucy Acevedo.
Orlando
Rodriguez est né à Arequipa
dans le sud du Pérou. Cest par son père
guitariste quil fût initié très
tôt à la pratique musicale dans les traditions
créoles et andines. Dabords à la
guitare, puis très rapidement à la contrebasse,
cest dès lâge de dix-neuf ans
quil commence à accompagner le groupe de
son père dans les circuits musicaux professionnels.
En 1979, après quelques années dune
déjà fructueuse carrière musicale
au Pérou, Orlando Rodriguez se rend en Suisse
pour une tournée avec Sonqo, groupe de
musique andine qualifiée alors de nouvelle
vague. À cette occasion, il rencontre
Los Jairas, ensemble bolivien avec lequel il partira
pour de nombreuses tournées en Europe et en Amérique
Latine. Ces premières expériences européennes
lamèneront, dès 1982, à sinstaller
en Suisse où, trois ans plus tard, il rejoint,
toujours à la contrebasse, le groupe de Lucy
Acevedo. Musicien aux multiples facettes, maîtrisant
aussi bien la musique créole et andine que le
jazz, la salsa ou le latin-jazz, il travaille parallèlement
avec de très nombreux artistes comme le trompettiste
Chocolate Armenteros, le timbalero Nicki Marrero, ou
le violoniste cubain Alfredo de la Fe. Que se soit sur
sa contrebasse, une mythique Ampeg BabyBass des années
soixante, où à la guitare au côté
de Paco Chambi, il nous fait montre ici de sa sensibilité
et de sa force de jeu extraordinaire.
Mery
Sarapura
est originaire de Lima. C'est elle qui, en compagnie
de Paco Chambi, signe les churs et les palmas
(battement de mains) qui colorent le chant de Lucy Acevedo
de cette chaleureuse ambiance des peñas, les
fêtes populaires du Pérou. Cest en
Suisse queut lieu la rencontre de Mery Sarapura
et de Lucy Acevedo. Leur amitié et leur collaboration
artistique ne se sont jamais démenties, et cest
au travers de cette expérience professionnelle
que Mery développa sa passion pour le chant,
quelle avait jusqualors exprimée
au Pérou dans la chorale de son université
et, de manière informelle, dans les fêtes
de famille ou de quartier. |