AZERBAÏDJAN - Musiques du Grand Caucase

AZERBAÏDJAN
Musiques du Grand Caucase

du 2 au 4 décembre 2009

Alhambra - 10, rue de la Rôtisserie - 1204 Genève

Prix des places, location

Billeterie - Achat en ligne

Mercredi 2 décembre, 20h30

Troubadours du Caucase
Ashik du Shirvan et de Kelbadjan

Jeudi 3 décembre, 18h30

Conférence : les musiques d’Azerbaïdjan
par Marc Loopuyt

Jeudi 3 décembre, 20h30

Les Rossignols du Jardin Noir
Karabagh Bülbüler

Vendredi 4 décembre, 20h30

Les danses de la Montagne de Feu
Musique, danse et acrobatie

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Sur les anciennes routes de la soie, à la croisée des chemins reliant ses grands voisins que sont la Turquie à l’ouest, l’Iran au sud, l’Asie centrale à l’est et la Russie au nord, le Caucase se caractérise par une étonnante diversité ethnique, linguistique et culturelle, qui reflète un passé souvent tumultueux. Si l’Azerbaïdjan partage souvent ses instruments de musique avec ses voisins, les esthétiques sont affirmées, et l’art des bardes azéris n’a que peu en commun avec les prestigieuses polyphonies géorgiennes ou la poésie chantée arménienne.

Concocté avec la complicité de Marc Loopuyt, à la fois dénicheur de talents et musicien d’exception, ce programme propose un périple au sein des expressions musicales d’un Azerbaïdjan encore largement à découvrir. Des danses enflammées des montagnards du Karabagh aux arabesques finement ciselées des maîtres du mugam (la musique savante azérie) de Bakou, en passant par l’imaginaire fleuri des ashik, les troubadours caucasiens, les différentes facettes de l’imaginaire azéri seront au rendez-vous.

Laurent Aubert

Mercredi 2 décembre, 20h30

Troubadours du Caucase
Ashiks du Shirvan et de Kelbadjan

Première partie :

Ashik de Kelbadjan

Adalet Dali Dagh : chant et saz

Extrait audio 1

Extrait audio 2

Enregistré par RSR-Espace 2

La ville de Kelbadjan se situe dans la Province du Karabagh, disputée entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Poète, colporteur de nouvelles et catalyseur d’émotions, le troubadour (ashik ou adalet) s’y produit seul, comme celui de Turquie. Il est aussi un remarquable improvisateur de circonstance, sensible aux réactions du public, qu’il intègre instantanément à son discours artistique. Parfois aussi, il interrompt son chant pour haranguer son auditoire ou conter un épisode d’une nouvelle ou d’une légende, dont il prolonge ensuite le récit dans son chant.

Le nom d’artiste de notre ashik est Dalidagh, ce qui signifie « troubadour de la montagne folle » : tout un programme ! Son luth saz est plus court et ventru que celui de ses homologues turcs, et il en joue debout, la table d’harmonie presque à l’horizontale, afin que la richesse des harmoniques de l’instrument soutienne efficacement la voix du troubadour.

Seconde partie :

Ashiks du Shirvan

Vugar Niftatiev : chant et luth saz
Mahir Niftatiev : saz, trimbales gasha nagarat
Rehman Alasgarov : hautbois balaban
Abuzar Gulaliev : hautbois zurna

Extrait audio

Enregistré par RSR-Espace 2

C’est dans le Shirvan, la province située au nord-nord-ouest de Bakou, que se trouvait Shemakha, l’ancienne capitale de l’Azerbaïdjan. La musique populaire des ashiks de cette région se joue en groupe. L’ensemble comprend le chanteur Vugar Niftatiev, qui joue aussi du saz ; deux joueurs de hautbois, l’un au balaban – à grosse anche double, au timbre doux et nasillard – et l’autre au zurna – plus fin et strident – ainsi qu’un percussionniste jouant d’une paire de timbales.

Outre les habituels thèmes lyriques traditionnels, le répertoire poétique de l’ensemble, comporte des pièces épiques qui évoquent les rudes combats de l’ancienne vie tribale et chantent les hauts-faits des grands héros chevaleresques. Il arrive aussi que le maître ashik esquisse quelques subtils pas de danse tout en jouant les réponses instrumentales.

Jeudi 3 décembre, 18h30

Conférence : Les musiques d’Azerbaïdjan
par Marc Loopuyt

Musicien français spécialisé dans les musiques orientales, Marc Loopuyt a débuté son apprentissage au Maroc, avant de perfectionner son art auprès de grands maîtres de Turquie, puis d’Azerbaïdjan. En 2001, il passe une année à Bakou en tant que Lauréat de la Villa Médicis hors les murs. Il y fréquente régulièrement Alem Kasimov et étudie le mugam d'Azerbaïdjan auprès du grand joueur de tar Malik Mansurov. Il fréquente, étudie et travaille aussi avec le maître de chant Agha Karim Bey Nafiz et fait la connaissance de nombreux artistes représentant tous les styles et écoles des musiques traditionnelles d'Azerbaïdjan.

Son exposé nous fera pénétrer dans les arcanes d’une musique à la fois ancrée dans un terroir, d’une subtilité expressive incomparable et porteuse de valeurs profondément spirituelles. Il brossera un tableau systématique des différents courant musicaux et instruments d'Azerbaïdjan, truffé d’anecdotes significatives directement recueillies auprès des maîtres et amis rencontrés dans cet incroyable Pays du Feu.

Jeudi 3 décembre, 20h30

Karabagh Bülbüler
Ensemble Rafik Rustamov, avec Marc Loopuyt

Rafig Rustamov : luth tar, direction artistique
Markaz Aliyev : vièle kamantché
Halima Veyisova : chant mugam
Sebuhi Ibayev : chant mugam
Marc Loopuyt : luth ‘oud

Extrait audio

Enregistré par RSR-Espace 2

Ensemble fondé il y a plus de quarante ans, les « Rossignols du Jardin Noir » (Karabagh Bülbüler) sont spécialisés dans l’art du mugam, la musique savante de l’Azerbaïdjan. Le maître du luth tar Rafig Rustamov anime le groupe depuis vingt-cinq ans ; c’est dans ce cadre qu’il forme de jeunes chanteurs qui, comme Halima Veyisova et Sebuhi Ibayev, débutent leur apprentissage vers l’âge de dix ans. L’ensemble instrumental est complété par la vièle à archet kamantché de Markaz Aliyev et, dans le cadre de cette tournée, par le ‘oud à l’ancienne de Marc Loopuyt, dont les cordes de boyau se marient à merveille aux sons cristallins des deux autres instruments.

Le rossignol (bülbül) est l’oiseau-poète par excellence ; ce messager d’amour symbolise la perfection du chant et l’inspiration poétique. Quant à « jardin noir », c’est la traduction du nom de la province transcaucasienne du Karabagh – dont la terre est effectivement noire – équivalent oriental de l’Andalousie pour l’art du chant, de la poésie, de la musique instrumentale et de la danse. Aujourd’hui amputée d’une partie significative de son territoire, cette province est l’objet d’une profonde nostalgie de la part de ses habitants, qui ont tout perdu.

Vendredi 4 décembre, 20h30

Les danses de la Montagne de Feu

Elchin Yusinov : accordéon garmon
Mirzayev Nofal : hautbois zurna
Rahimov Elnur : timbales nagarat, tambour dohol
Ahmadova Aypara et Matin Alekberli : danse
Zaur Iskhandarov : funambule

Extrait audio

Enregistré par RSR-Espace 2

L’accordéon (garmon) a été introduit dans la Caucase au XIXe siècle. Les musiciens d’Azerbaïdjan en font un usage étonnant, à l’imitation des timbres de la voix et des anciens hautbois zurna et balaban. Elchin Yusinov, maître réputé, interprètera un répertoire de danses du Karabagh et des provinces voisines, accompagné par le percussionniste Rahimov Elnur, ainsi que par un couple de danseurs remarquables, à l’énergie subtile et aérienne.

La zurna est un hautbois à perce conique répandu dans tout l’Orient. Muni d’une anche double en roseau, il est joué en souffle continu, selon la technique de la respiration circulaire. Son rôle est d’animer les danses collectives de plein air et – anciennement – de signaler les déplacements militaires. Originaire du Karabagh, Mirzayev Nofal est réputé dans toute la région pour la puissance et la finesse de son jeu.

Zaur Iskhandarov est un des rares maîtres azeris du kanderbaz, l’art du funambule, qui se transmet dans sa famille depuis cinq générations. Comme ses ancêtres, il vit dans les montagnes du nord de l’Azerbaïdjan, près de la frontière du Dagestan, et se produit dans les villes et les villages à l’occasion des fêtes votives ou des grandes occasions telles que Nawruz, la Fête du printemps. Ses numéros sont très variés et pleins d’inventivité : marcher sur un câble les pieds dans des bassines, monter sur une échelle dressée sur le câble ou encore passer rapidement de la position assise à la position debout. L’ensemble de ses prouesses est d’une fluidité, d’une grâce et d’une esthétique exceptionnelles.