Fado,
Fados
du 14 au 16 mai 2009
Alhambra - 10, rue de
la Rôtisserie - 1204 Genève
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Jeudi 14 mai, 20h30 |
Mariana Correia
Fado de Lisbonne Ricardo Ribeiro
Fado de Lisbonne |
Vendredi 15 mai, 18h30 |
Conférence
Écouter, connaître, comprendre
le fado
par Joaquim Pais de Brito |
Vendredi 15 mai, 20h30 |
Carla Pires
Fado de Lisbonne
Fernando Machado Soares
Fado de Coimbra |
Samedi 16 mai, 17h30 |
Cinéma Fados
Film de Carlos Saura (2007, 93’) |
Samedi 16 mai, 20h30 |
Manuel Barbosa
Fado de Coimbra Ana Moura
Fado de Lisbonne |
Fado, Fados
Le fado passe volontiers pour l’homologue
portugais du flamenco. Ce n’est vrai que dans la mesure
où ces musiques expriment chacune l’âme
d’un peuple, le parfum d’une terre. Mais l’austérité
rocailleuse du duende andalou est sans commune mesure avec
les langueurs de la saudade lusitanienne. Saudade, ce terme
réputé intraduisible, dont on trouve pourtant
des équivalents dans de nombreuses langues (blues
en anglais, hâl en arabe et en persan, dor en roumain…),
correspond en effet à un sentiment de nostalgie teinté
de sensualité et de fatalisme, que les élans
du fado savent exacerber. Quant au mot « fado »
lui-même, souvenons-nous qu’il dérive
du latin Fatum, « destin »…
Pour en évoquer les contours, les
Ateliers d’ethnomusicologie se sont assurés
le concours de la toute jeune Association culturelle pour
la divulgation du fado, récemment fondée par
Mário et Mariana Correia, ainsi que la collaboration
du spécialiste Joaquim Pais de Brito. Ensemble, ils
ont conçu ce programme qui présente les principales
tendances, les courants marquants du fado contemporain.
De Lisbonne et de Coimbra, les deux centres traditionnels
du genre, interprétés aussi bien par des femmes
que par des hommes, artistes confirmés ou talents
émergeants, les six visages du fado proposés
dans ce cycle de concerts nous permettront de pénétrer
dans le monde intimiste d’une musique aux accents
souvent poignants, mais ô combien savoureuse.
Laurent
Aubert
Jeudi 14 mai, 20h30
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Première
partie :
Mariana
Correia
Fado de Lisbonne
Mariana Correia : chant
Humberto Vicente : guitarra portuguesa (guitare portugaise)
Carlos Santos Machado : viola de fado (guitare classique)
Mário Correia : viola baixo (guitare basse)
Extrait
audio
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C’est depuis qu’elle est établie
en Suisse, en 1985, que, encouragée par ses amis,
Mariana Correia se met sérieusement à chanter
le fado, même si, dès son enfance, une petite
voix lui soufflait de faire usage de ce don. Trois ans plus
tard, elle rejoint le groupe fondé par le guitariste
Armando Santos, et commence à donner des concerts
au sein de la communauté portugaise de Suisse et
des régions voisines. Dotée d’un talent
hors du commun, elle sait capter l’attention de ses
auditeurs grâce à son charisme et sa sensibilité.
Adepte du fado traditionnel, elle enregistre
en 1994 un premier disque, Saudade, consacré à
des classiques du genre. Il sera suivi en 2004 par Mensagens,
constitué de quatorze textes de poètes contemporains
chantés sur des musiques de fado traditionnel. À
partir de cette date, Mariana commence à travailler
avec d’autres musiciens, parmi lesquels Humberto Vicente,
maître de la guitare portugaise et invité spécial
de cette première partie. Mariana est également
la fondatrice, avec son époux Mário, de l'Association
culturelle pour la divulgation du fado (ACDF), co-organisatrice
avec les ADEM du présent cycle de concerts.
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Seconde
partie :
Ricardo
Ribeiro
Fado de Lisbonne
Ricardo
Ribeiro : chant
Pedro Castro : guitarra portuguesa
Jaime Santos : viola de fado
Joel Pina : viola baixo
Extrait
audio
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Ricardo Ribeiro est un des plus remarquables
interprètes de la jeune génération
des fadistes de Lisbonne. Né en 1981 dans le quartier
d’Ajuda, il fait ses début à l’âge
de 9 ans grâce à sa rencontre avec le grand
chanteur Fernando Maurício, qui a su immédiatement
déceler le talent du jeune chanteur. En 1996, il
participe pour la première fois à la Grande
Nuit du Fado au Colisée de Lisbonne, où il
obtient le deuxième prix ; les deux années
suivantes, il en sera le lauréat incontesté.
Ricardo commence alors à chanter dans les casas de
fado les plus renommées de la capitale, souvent en
compagnie du grand guitariste de l’ancienne génération
Adelino dos Santos.
Les tournées et les enregistrements
se suivent désormais : premier concert en France
en 2001, premier disque en 2004, prix de la Fondation Amália
Rodrigues en 2005, participation au film Fados de Carlos
Saura en 2007 et, depuis récemment, collaboration
avec le luthiste libanais Rabih Abou-Khalil… Mais,
malgré le succès, Ricardo Ribeiro reste attaché
aux racines de son art, comme il l’exprime en termes
poétiques : « Le fado et son histoire sont
comme une page blanche où chacun imprime le reflet
de ses pensés et de ses sentiments. Cependant, Il
y aura toujours un temps pour que les temps se rencontrent
».
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Vendredi 15 mai,
18h30
Conférence
Écouter, connaître, comprendre. Des illustrations
pour l’histoire du fado
Par Joaquim Pais de Brito (avec exemples musicaux)
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Après plus d’un siècle
et demi d’histoire du fado, il est possible d’identifier
les traits qui caractérisent ce phénomène
musical, les contextes sociaux et culturels de son émergence
et de sa production, ainsi que les transformations et les
ruptures qui marquent son évolution. En vue de caractériser
le fado et prenant en compte son parcours dans le temps
et les différentes formes de son appropriation sociale,
cette présentation permettra de mettre en relief
aussi bien les permanences que les mutations et les contrastes
qui caractérisent cette forme musicale.
Cet exposé par Joaquim Pais de Brito,
directeur du Musée d’ethnologie de Lisbonne
et grand connaisseur du fado, sera illustré par des
documents visuels et des exemples musicaux, qui aideront
à saisir les qualités de la voix, ainsi que
la structure musicale du chant et des instruments qui l’accompagnent
et la variation des thèmes. Ces illustrations sonores
mettront en lumière l’histoire des émotions,
aussi bien que la construction et la transmission de l’interprétation.
Vendredi 15 mai, 20h30

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Première partie :
Carla Pires
Fado de Lisbonne
Carla Pires : chant
Luis Guerreiro : guitarra portuguesa
Antonio Neto : viola de fado
Extrait
audio |
Carla Pires commence à chanter en
1993. Après des études en musique et en arts
de la scène, elle travaille comme comédienne
et chanteuse. C’est en 2000 qu’elle se fait
connaître du grand public en interprétant pendant
quatre ans le rôle d’Amália Rodrigues
jeune dans la plus grande comédie musicale jamais
réalisée au Portugal : Amália. En 2002,
elle enregistre son premier disque, O fado em concerto,
constitué de chansons d’Amália accompagnées
par un quatuor à cordes ; le deuxième suivra
en 2005, Ilha de meu fado (Ile de mon fado), présenté
comme un voyage musical à travers des paysages variés,
avec des chansons de différentes origines qui ouvrent
des horizons nouveaux au monde du fado.
Désormais très sollicitée,
Carla se produit à la Festa do Avante et au Festival
international de musique Casa de Mateus de Lisbonne, au
Purcell Room du Queen Elisabeth Hall de Londres, au Japon
à l’Exposition universelle d’Aichi, ainsi
qu’en Espagne, en France, en Italie, en Grèce,
en Turquie ou en Suède avec le même succès,
contribuant ainsi à élargir l’audience
d’un art dont elle est une des jeunes interprètes
les plus attachantes.

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Seconde
partie :
Fernando Machado Soares
Fado de Coimbra
Fernando Machado Soares : chant, viola de fado
Ricardo Rocha : guitarra portuguesa
Durval Moreirinhas : viola de fado
Extrait
audio
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Bien qu’originaire des Açores,
Fernando Machado Soares est aujourd’hui l’un
des chefs de file de l’école de Coimbra, «
l’autre ville du fado », située dans
la province de la Beira Baixa, à mi-chemin entre
la capitale et Porto. Après avoir été
étudiant en droit à l’Université
de Coimbra, il s’est imposé comme un des tout
grands interprètes du fado de Coimbra. Sa forte personnalité
contribue à donner ses lettres de noblesse à
cet art d’origine estudiantine, qu’il fera connaître
sur la scène internationale grâce à
ses tournées dans le monde entier et à ses
disques enregistrés en France, en 1988 pour Ocora
et en 1994 pour Auvidis.
Doté d’une voix à la
fois puissante et douce, très timbrée, toujours
à la limite du dramatique, il évoque un univers
poétique dans lequel les plus grandes beautés
sont toujours les plus évanescentes. Dans son expression,
la pureté des références lyriques est
véhiculée au travers de formes renouvelées,
enrichies par des idées musicales originales, parfaitement
cohérentes avec l’esprit de Coimbra, mais aussi
avec une sensibilité artistique toute contemporaine.
Fernando Machado Soares n'a pas pour autant oublié
les sources du fado, qu’il chante toujours régulièrement
dans les établissements les plus réputés
de Lisbonne.
Samedi 16 mai, 17h30

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Cinéma
:
Fados
Film de Carlos Saura (2007, 93’)
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Après Sevillanas en 1992, Flamenco
en 1995 et Tango en 1998, cette nouvelle œuvre musicale
du cinéaste Carlos Saura nous présente sa
vision du fado. A travers ses superbes images, il tente
ici de capturer l’essence de la saudade lusitanienne
en proposant un portrait fidèle de l’âme
portugaise à travers son expression musicale la plus
emblématique.
Utilisant les paysages urbains de Lisbonne
comme décor, le film explore les relations complexes
que la ville entretient avec sa musique. L’évolution
du fado y est abordée, de ses origines supposées
en Afrique et au Brésil jusqu’à la nouvelle
vague du fado contemporain. Sous la supervision musicale
de Carlos do Carmo, le film présente certaines des
figures de proue du fado, Ricardo Ribeiro, Mariza ou Camané,
parfois dans des rencontres musicales avec des artistes
internationaux comme Caetano Veloso, Chico Buarque ou Lila
Downs..
Samedi 16 mai, 20h30

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Première
partie :
Manuel Barbosa
Fado de Coimbra
Manuel Barbosa : chant
António Luis Carvalho : guitarra portuguesa
Joaquim Ramos : guitarra portuguesa
Arlindo Barbosa : viola de fado
Extrait
audio |
Né à Canelas, Vila Nova de Gaia, en 1948,
Manuel Barbosa appartient à une famille de musiciens
amateurs. La musique a toujours été partie
intégrante de la culture familiale chez les Barbosa,
adeptes du fado de Coimbra. Pour Manuel, le chant s’impose
comme une évidence et une passion ; mais il ne deviendra
jamais professionnel. Son père aimait interpréter
le fado, et Manuel s’en inspira lorsqu’il se
mit lui-même à chanter, notamment au sein du
groupe Toadas Coimbrãs, avec lequel il participe
à de nombreux événements dans le nord
du Portugal.
Manuel émigre en Suisse en 1978,
dans la région de Neuchâtel, où il réside
depuis. Dès 1985, accompagné par ses deux
frères, Américo à la guitare de Coimbra,
et Arlindo à la viola, il participe à de nombreux
événements musicaux, dont la grande Fête
de la Diversité, organisée à Genève
en 1995 par les Ateliers d’ethnomusicologie. En 2000,
le départ de son frère Américo suscite
une pause dans la carrière artistique de Manuel.
Mais la musique reprendra le dessus quelques années
plus tard, et c’est désormais António
Luis Carvalho, un ami d’enfance, qui, le temps d’un
concert ou d’un festival, l’accompagne à
la guitare portugaise.

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Seconde
partie
Ana Moura
Fado de Lisbonne
Ana Moura : chant
José Manuel Neto : guitarra portuguesa
José Elmiro Nunes : viola de fado
Filipe Larsen : viola baixo
Extrait
audio
Photo : Paolo Sagadaes |
Ana Moura est aujourd’hui reconnue
comme l’une des voix majeures de la nouvelle génération
des chanteuses de fado. Née à Santarem, l’un
des principaux centres historiques du Portugal, elle chante
le fado depuis son enfance, puisant son inspiration essentiellement
chez Amália Rodrigues, qui a sans doute le mieux
incarné le style de Lisbonne. Sa voix d’alto
incarne à merveille la profondeur sensuelle de ces
chansons d’amour, qui parlent de passion trahie, d’absence,
de désir inassouvi : l‘émotion pure
à fleur de peau !
Quand la grande chanteuse Maria da Fé
l’entend pour la première fois, elle l'invite
immédiatement à enregistrer son premier disque
: l’avenir d'Ana est tracé… Avec la complicité
de Jorge Fernando, ancien collaborateur d’Amália,
elle a récemment enregistré son troisième
opus, Para Além da Saudade, dont le succès
international a été confirmé par celui
de plusieurs tournées à l’étranger.
Guitare classique, guitare portugaise et basse acoustique
suffisent amplement à soutenir les textes très
actuels de la demoiselle ; côté chant, contrairement
à bon nombre de fadistes traditionnelles, Ana Moura
préfère opter pour des thèmes résolument
contemporains. La raison en est simple : il lui impossible
de chanter correctement un texte auquel elle ne peut pas
s'identifier.