Ces « Musiques de Roumanie »
sont celles d’une tradition orale fièrement
transmise et revisitée par des générations
d’artisans musiciens, amateurs villageois inspirés
ou professionnels tsiganes aguerris. Musiques de fête
certes, mais aussi musiques du quotidien, musiques de l’âme,
éminemment créatives, exprimant toute la gamme
des sentiments humains avec une verve et un pathos inimitables.
Ce cycle de concerts a été
conçu par les Ateliers d’ethnomusicologie à
l’occasion de l’exposition du MEG « L’air
du temps », dédiée à la mémoire
du grand folkloriste roumain Constantin Brailoiu. Concocté
avec la complicité de l’ethnomusicologue Speranta
Radulescu, le programme aurait sûrement plu au maître
disparu, tant les musiques qui le constituent s’inscrivent
dans la continuité de celles qu’il avait non
seulement étudiées, mais aussi aimées
avec passion...
Laurent Aubert
Jeudi 19 mars, 20h30
Famille Argint (Olténie)

Maria Argint : chant
Margalina Cedoiu : chant
Victor Argint : violon
Marian Argint : violon
Ion Argint: violon, chant
Viktor Argint Jr. : guitare
Florian Argint : contrebasse
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Dans le village tsigane de Pârâu
de Pripor, en Olténie, presque tout le monde est
musicien. Les hommes jouent du violon, de l’accordéon
ou de la contrebasse, tandis que les femmes sont guitaristes
et chanteuses. Chaque famille a souvent son propre ensemble,
dont le répertoire est composé de pièces
paysannes locales : chants longs, chansons à thème
lyrique ou épique, mélodies de danse, chants
pour les morts ou pièces du rituel de noces. Connu
pour l’étendue de son répertoire et
la finesse de ses interprétations vocales et instrumentales,
le petit ensemble familial des Argint est depuis des générations
l’un des plus réputés de la région.
Vendredi 20 mars, 18h30
Conférence
La diversité des musiques
de Roumanie
par Speranta Radulescu
Speranta Radulescu, à qui nous devons
la sélection des ensembles présentés
au cours de ce cycle, est une spécialiste internationalement
reconnue des musiques populaires de Roumanie. Dans la ligne
tracée au début du XXe siècle par Constantin
Brailoiu, elle a effectué des recherches dans tout
le pays, recherche dont elle nous transmettra la substantifique
moelle dans cet exposé introductif.
Vendredi 20 mars, 20h30
Première partie :
Napoléon et Nadia (Valachie)
Napoléon et Nadia appartiennent
à un clan de Roms ursari (« montreurs
d’ours »), descendants des survivants de l’holocauste,
qui vivent dans un quartier en marge du village danubien
de Gratia. Napoléon est la grande vedette locale
; il est fier de ses chants, qu’il considère
comme la « vraie » musique tsigane. Il accompagne
sa voix fruste de deux tambours faits de caisses de bois,
percutés avec des cailloux, des cuillères
et le talon déchaussé de son pied droit. Cette
musique entraîne irrésistiblement la danse
de sa femme, la belle Nadia, qui, extatique, fait virevolter
ses jupes et ses foulards aux couleurs vives.
Depuis quelque temps, sans comprendre très
bien comment ni pourquoi, Napoléon et Nadia se sont
retrouvés sur le chemin d’une éblouissante
carrière. Ils ont chanté et dansé tout
d’abord dans des restaurants chics, fréquentés
par les artistes et les intellectuels raffinés de
Bucarest ; puis ils ont passé à la télévision
et, depuis quelque temps, on peut les voir partout en Roumanie,
et même à l’étranger.
Seconde partie :
Fanfare de Vorona (Moldavie)

Vasile Botezatu, Petrica
Aiacoboaie, Ioan Frunza : clarinettes
Marcel-Dorel Aiacoboaie, Stefan Aiacoboaie, Gheorghe
Stefan: trompettes
Alexandru Velisca : trombone
Ioan Rotariu : tuba
Victor Ichim : fluegelhorn
Gheorghe Aiacoboaie : grosse caisse et cymbales
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Vorona est un village pittoresque situé
au cœur de la Moldavie, région montagneuse du
Nord-Est de la Roumanie. Les jours de fêtes y sont
souvent consacrés aux réjouissances communautaires
et familiales, toujours tapageuses : bals, fiançailles,
noces, foires, anniversaires... Elles sont généralement
animées par la fanfare locale, composée d’une
dizaine de musiciens maniant clarinettes, trompettes, trombones,
cornets à pistons, ou hélicons, sans oublier
grosse caisse et cymbales. Les musiciens de Vorona jouent
une musique qui leur ressemble, une musique âpre et
dynamique, mais parfaitement coordonnée, avec beaucoup
de force et d’assurance.

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Samedi
21 mars, 17h
Cinéma :
Fanfaron fanfaron
Scénario, réalisation et production
:
Cornel Gheorghita, 2007 (52’) |
En Roumanie, sous le régime communiste,
les fanfares des paysans participaient aux manifestations
organisées dans les villes. À cette époque,
les fanfares connurent leurs heures de gloire. Aujourd’hui,
la musique est la seule chose qui reste à ces paysans:
elle est leur immense fierté. Ce mélange unique
de tradition roumaine, de musique militaire, de fanfare
autrichienne et de rythmes orientaux – turcs, tsiganes
– survit dans cette région de Moldavie, à
la frontière entre l’Europe et l’Asie.
Samedi 21 mars, 20h30
Première partie :
Violon-trompette
(Bihor)
Nelu Petru Jolte : violon-trompette (higheghe)
Guti Siminic : tambour (doba)
Extrait
audio
Le violon à pavillon ou «
violon-trompette » – instrument inventé
en 1902 par l’Anglais A. Stroh – s’est
refugié en Roumanie, dans une petite région
de l’Ouest de la Transylvanie appelée Bihor.
La sonorité de cet instrument, nasale et très
pénétrante, est captée par un micro
de téléphone connecté au chevalet et
amplifiée par un pavillon de trompette. Les deux
musiciens invités sont des amateurs, habitués
à animer les fêtes populaires locales. Leur
répertoire est essentiellement constitué d’airs
lyriques, de danses et de mélodies liées au
rituel de mariage, dont certaines sont des variantes des
pièces collectées en 1910 par Béla
Bartók.
Seconde partie
Taraf de Carei (Transylvanie)
Carei est une petite ville peuplée
de Roumains et de Hongrois, située à proximité
de la frontière nord-ouest de la Roumanie. La musique
originaire de cette contrée comporte des mélodies
de danse, des chants lyriques, ainsi que des pièces
pastorales et rituelles. Les danses sont groupées
en suites, jouées par de petits ensembles à
cordes. Le taraf de Carei est constitué de trois
jeunes instrumentistes particulièrement doués,
qui manient avec brio le violon (cetera), l’alto
(contra), à trois cordes tendues sur un
chevalet court et sans courbure, et la petite contrebasse
(broanca), à deux ou trois cordes. En dépit
de sa taille modeste, cet ensemble a la sonorité
dense et pénétrante d’un vrai orchestre
de chambre et ses mélodies, tout en étant
rurales et vigoureuses, témoignent d’une grâce
et d’une finesse particulières.
Publications
Programme réalisé par les Ateliers
d’ethnomusicologie (ADEM) en collaboration avec le
Musée d’ethnographie de Genève (MEG)
dans le cadre de l’exposition « L’air
du temps »
Programmation et rédaction
des textes : Speranta Radulescu et Laurent Aubert
Photos : Shane Solow, Mirela Radu, d.r.
Dès 19h, spécialités
culinaires, réservation recommandée au 077
445 24 80
Prix des places
:
30.- FS Plein tarif
22.- FS Membres ADEM, AMR & Amdathtra, Amis du MEG,
chômeurs, AVS
15.- FS Etudiants, jeunes
10.- FS Enfants jusqu’à 12 ans, carte 20 ans/20
francs
8.-/5.- FS Cinéma
Conférence : entrée libre
Passe général
75.- FS Plein tarif
60.- FS Membres…
40.- FS Étudiants…
Location : Service Culturel
Migros, 7 rue du Prince, Genève (lu-ve, 10h-18h),
dès le 23 février
Réservations : uniquement sur le site www.adem.ch
Renseignements : tél.
022 919 04 94
Concerts organisés avec le soutien du Département
de la culture de la Ville de Genève, du Département
de l'instruction publique de l'Etat de Genève et
de la Direction du Développement et de la Coopération
DDC.