Samedi
4 octobre, 20h30
Les
griots du Mandé (Mali)
Première partie :
Sidikiba Coulibaly,
griot des chasseurs du Mandé
Sidikiba Coulibaly :
chant et simbi
Extrait
audio
Photo : Vincent Zanetti |
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À première vue, le
simbi ressemble à toutes les autres
harpes-luths d'Afrique de l'ouest : la caisse est
faite d'une demi-calebasse évidée
et tendue d'une peau de biche en guise de table
d’harmonie ; elle est traversée par
un long manche en bois, auquel sont nouées
7 ou 8 cordes sur les modèles traditionnels.
Mais, alors que des instruments plus répandus
et mieux connus, comme la kora des griots mandingues,
le kamele ngoni des musiciens
du Wassolon ou le donso ngoni des chasseurs bambara,
divisent les cordes en deux rangées parallèles,
partagées au niveau du chevalet, il n'y a
qu'une rangée de cordes sur le simbi,
comme sur nos harpes occidentales. L'autre différence
est qu'ici les cordes ne sont ni en boyau, ni en
nylon, mais en métal : les musiciens utilisent
des câbles de frein de vélo dont ils
séparent les filaments pour en faire des
cordes, évidemment bien moins coûteuses
que des cordes de guitare.
Sidikiba Coulibaly est ce qu'on
appelle un sora, un chantre de la société
des chasseurs. Il compte aujourd'hui parmi les chanteurs
traditionnels et joueurs de simbi les plus
appréciés du Mandé. S'il est
considéré par beaucoup comme l'héritier
du très fameux et déjà légendaire
sora aveugle Baala Guimba Diakité, il a pour
sa part fait avancer les techniques du simbi,
allant parfois jusqu'à rajouter 3, 4, voire
5 cordes à l'instrument, pour lui permettre
d'exprimer ses idées musicales. Sa musique
rythme les fabuleuses nuits des chasseurs, au pied
de la falaise du Mandé, non loin de la frontière
guinéenne.
A Delémont pour le
Festival "Notes d'Equinoxe"
: Samedi 27 à 21h30 et dimanche 28 à
14h00 - www.nox.ch
A Neuchâtel pour le
Festival "Griotage" : Vendredi
3 octobre à 20h30 - www.ccn-pommier.ch
Seconde partie :
Bassékou Kouyaté
& Ngoni Ba (Mali)
Bassékou Kouyaté
: ngoni et ngoni ba
Amy Sacko : chant
Oumar Barou Kouyaté : ngoni
Fousseyni Kouyaté : ngoni ba
Moussa Bah : ngoni basse
Alou Coulibaly : calebasse
Moussa Sissoko : percussions
Photo : Robin Chanda
Extrait audio
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Ngoni est le nom bamanan
(bambara) d’un petit luth à trois ou
quatre cordes, apanage des griots de différentes
ethnies (Peul, Bambara, Soninké, Touareg…).
On en rencontre des variantes comme les harpes-luths
donso ngoni et kamélé
ngoni des griots de chasseurs du Wassoulou.
Pendant longtemps, le rôle du ngoni
a été confiné à l’accompagnement
du chant. A cet égard, Bassékou Kouyaté
est un des premiers à en avoir fait un instrument
soliste à part entière, élargissant
considérablement sa palette expressive et
créant un ngoni basse, aux sonorités
profondes proches de celles de l’instrument
des Gnawa marocains.
Descendant de la grande lignée
des ngonifôlaw (joueurs de ngoni)
du Mali, Bassékou Kouyaté a beaucoup
contribué à la renommée de
cet instrument. Né à Garana (préfecture
de Baréouli), dans une famille de griots
bambara, il s’est abreuvé à
des sources limpides dès sa petite enfance
: son père Moustapha Kouyaté était
un des meilleurs joueurs de ngoni de sa
génération, sa mère était
la grande chanteuse Yagaré Damba, et l’un
de ses grand-pères n’était autre
que le mythique Banzoumana Sissoko, le « Vieux
Lion ». L’héritage étant
la meilleure source de l’inspiration, le jeune
Bassékou passe le plus clair de son temps
à mûrir son jeu et à perfectionner
sa technique instrumentale. En 1979, alors qu’il
n’a que 13 ans, son père étant
malade, il accompagne pour la première fois
sa mère en tournée en Côte-d’Ivoire
et au Burkina Faso.
Bassékou s’installe
ensuite à Ségou, puis à Bamako.
Au fil des rencontres, il est de plus en plus sollicité
pour accompagner les meilleures chanteuses de l’époque
: Koni Koumaré, Naïni Diabaté,
Tata Bambo Kouyaté… En 1987, sa collaboration
avec le joueur de kora Toumani Diabaté est
l’occasion d’un nouveau développement
de sa carrière, qui passe pour la première
fois par l’Europe et, bientôt, les Etats-Unis,
où il a l’occasion de côtoyer
de nombreux artistes de renom.
En formant Ngoni Ba (le
grand ngoni), Bassekou Kouyaté a
donné naissance au premier ensemble de ngoni
de l’histoire malienne, et considérablement
étendu les possibilités expressives
de cet instrument traditionnel.
De cette démarche novatrice
est né l’album Segu Blue, sorti en
avril 2007. Vibrant et éclectique, ce premier
opus peut déjà être considéré
comme un classique du blues du désert malien.
On y retrouve quelques invités
de marque : Kassemady Diabaté, Lobi Traore,
Lassana Diabaté et la chanteuse Zoumana Tereta.
Notez qu’il n'y a ni kora ni djembé
sur cet album.
* enregistré par RSR-Espace
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