Mercredi
8 octobre, 16h30 / 20h30
Les balafons de Bobo
(Burkina Faso)
Le balafon
Première partie :
Le balafon des Sambla
Adama Diabaté,
Sa Sibiri Diabaté, Ago Diabaté
: bala sambla
Tiémogo Diabaté : timbales
pí
Minata Yedan : danse
Extrait
audio
Photo : Krysia
Dowmont-Perro |
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Les Sambla, dont la plupart vit
dans la région de Karangasso, à une
cinquantaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso,
sont essentiellement des cultivateurs de mil, de
sorgho, d’arachides et de coton. En contraste
avec la dureté et la pauvreté de leurs
conditions de vie, leur musique est d’un extrême
raffinement, et même d’une virtuosité
étonnante. La musique du balafon sambla est
ce qu’on appelle une « musique à
programme », c’est-à-dire qu’elle
peut transmettre des messages codés, avec
la même précision que la langue parlée.
Chez les Sambla, le balafon, appelé
ba, est l’instrument principal des
griots Diabaté. Il peut accompagner le chant
ou la danse. Il est soutenu par divers types de tambours,
souvent par une petite paire de timbales appelée
pí. Il en existe deux types : le
petit balafon portable à 19 lames, qui accompagne
les travaux des champs, et le grand xylophone de
fête à 23 lames, à intervalles
inégaux, qui a la particularité d’être
joué simultanément par trois musiciens
: un soliste, appelé ba-tsin-gyera-bre,
et deux accompagnateurs : à sa gauche le
ba-anya-bre, qui commente les phrases du
soliste, et, face à eux, le ba-le-kpan,
chargé de l’ostinato mélodico-rythmique
sur lequel se développent les compositions.
Il en résulte une polyphonie déroutante,
parfaitement synchronisée, dont les musiciens
du village de Toronso, près de Karangasso,
nous offriront une magistrale leçon.
Seconde partie :
Lassina Konaté,
chantre du tianhoun
Lassina Konaté
: chant et tianhoun
Extrait audio
Photo : Krysia Dowmont-Perro
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Lassina Konaté est un de
ces bardes solitaires qui parcourent la région
de Bobo-Dioulasso en quête d’auditeurs
pour sa douce poésie chantée. Né
dans une famille de griots bwabail s’est spécialisé
dans le jeu d’un curieux instrument appelé
tianhoun, « instrument de paille » en
bwamou. Sorte de cithare en forme de radeau, d’un
type qu’on rencontre également au Bénin
et au Cameroun, le tianhoun est constitué
d’une table rectangulaire faite d’une
série de tiges de mil nouées, sur
laquelle sont tendues onze paires de cordes entourées
de raphia, déposées sur deux fins
chevalets de bois. Pincées par les pouces,
les cordes produisent des sons très doux,
qui rappellent les timbres du balafon, dont elles
reprennent aussi l’accordage.
Le tianhoun est un des
rares instruments bwaba qui n’aient
aucune fonction rituelle particulière. Il
est joué aussi bien par les hommes que par
les femmes, en particulier lors des veillées
appelées « soirées de clair
de lune ». Toujours livré sur le ton
de la confidence, le répertoire de Lassina
comporte des chants aux thématiques très
diverses, qu’il compose lui-même : bons
conseils, exhortations, louanges, évocations
des lieux qu’il a traversés et des
personnes qu’il y a rencontrées, considérations
philosophiques sur le monde contemporain…
le fil de son inspiration paraît inépuisable.Troisième
partie :
Seconde partie :
Le balafon des Bwaba
Makan Dembelé et
Duassin Dembelé : bala bwaba
Ouetien Jean-Baptiste Dembelé : voix
tama
Tinyéni Dembelé : doundoun
Extrait
audio
Photo : Agnès
Aubert |
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Les Bwaba, qu’on appelle aussi Bobo woulé
(Bobo « rouges »), sont une ethnie à
majorité agricole et musulmane (depuis le
XIXe siècle), vivant dans le sud-ouest du
Burkina, ainsi que dans les régions avoisinantes
du Mali. Leur langue est le bwamou, même si
la plupart parlent également le dioula, langue
véhiculaire de la région. Les Bwaba
sont particulièrement attachés à
leur liberté et ne reconnaissent aucune autorité
centrale ; en revanche, les liens parentaux et le
respect des anciens demeurent chez eux des valeurs
essentielles. La musique et la fabrication des instruments
sont partagées par le clan des griots et
celui des forgerons. L’apprentissage débute
très jeune et, de manière générale,
se transmet au sein des membres d’une même
famille.
Le balafon des Bwaba, à
15 lames équipentatonique et au registre
grave, a la particularité d’avoir le
clavier incurvé. Il est utilisé, en
particulier par les griots Dembelé, en diverses
occasions de la vie quotidienne, ainsi que lors
de cérémonies rituelles et initiatiques,
notamment lors de la cérémonie du
masque à plumes qui symbolise la force de
la brousse et la générosité
de la terre. Il est joué en solo ou en duo,
accompagné par divers tambours (tama, bara,
doundoun…), et souvent par un chanteur, véritable
héraut de la société. L’ensemble
invité, qui vit dans la banlieue de Bobo-Dioulasso,
est l'un des plus appréciés de la
région.
* enregistré par RSR-Espace
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