Le
balafon
«
Balafon » est le nom qu’on donne en
français aux divers types de xylophones d’Afrique
occidentale. Ce terme vient de la langue malinké,
dans laquelle balan désigne l’instrument,
et fon ou fõ signifie «
jouer ». Les mythes racontent que le premier
balafon, le sosso bala, aurait
été créé par le roi
Soumahoro Kanté, redoutable guerrier qui
régna sur le royaume de Sosso, exerçant
son hégémonie sur toute l’Afrique
occidentale à la fin du XIIe siècle.
Personne d’autre que lui n’avait le
droit de jouer de cet instrument, qui passait pour
être doté de pouvoirs magiques. Il
a ensuite été transmis de génération
en génération par le clan des Kouyaté
et serait encore aujourd’hui jalousement gardé
dans le village guinéen de Nyagassola, à
proximité de la frontière malienne.
De manière générale,
le balafon est constitué d’un clavier
de lames de bois dur – le plus souvent au
nombre de 15 à 21 –, fixées
sur un cadre trapézoïdal au moyen de
ligatures qui les maintiennent parallèles.
Sous chaque lame est disposé un résonateur
en calebasse, percé d’un petit trou
recouvert d’une fine membrane – traditionnellement
en toile d’araignée ou en aile de chauve-souris,
aujourd’hui plus souvent en matière
plastique – qui vibre lorsque la lame est
frappée, contribuant ainsi au timbre particulier
de l’instrument. Les lames sont frappées
par des mailloches de bois, à l’extrémité
généralement recouverte de caoutchouc
ou de résine séchée. L’accordage
varie selon le type de l’instrument : le balafon
malinké ou « guinéen »
est par exemple heptatonique, c’est-à-dire
qu’il comporte sept tons par octave, alors
que la plupart des autres sont pentatoniques, à
cinq tons, généralement équidistants.
Au Burkina Faso, le balafon est
particulièrement répandu dans l'ouest
du pays, dans la région de Bobo-Dioulasso,
carrefour culturel de l’Afrique occidentale.
Essentiellement de type pentatonique, il est traditionnellement
joué à l’occasion des cérémonies
agraires, des rituels de masques, des mariages,
des funérailles ou des fêtes du calendrier
musulman comme la Tabaski (‘Id el-kebir, commémoration
du sacrifice d’Abraham). On peut aussi l’entendre
dans les cabarets de Bobo, où les amateurs
de musique et de bière de mil se réunissent
fréquemment.
Il existe de nombreux types de
balafon au Burkina, selon l’ethnie qui en
détient la tradition. Sénoufo, Dioula,
Bobo, Diagara, Lobi, Bwaba, Sambla, etc. : chaque
communauté possède sa propre musique
de balafon, qui se distingue des autres par la facture
de l’instrument, son accordage, son répertoire,
ses techniques et ses occasions de jeu. De manière
générale, le balafon demeure l’apanage
de familles de griots spécialisés,
bien que cette prérogative soit aujourd’hui
appliquée de façon beaucoup plus souple
que par le passé.
Photo : Balafon Bwa de
Agnès Aubert
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