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COMPLET
Vendredi
12 octobre, 20h30
La nuit berbère :
L’Ahwash du Haut-Atlas
Ensemble Aït Iktel
Dir. : Hadj Mohammed
Amahan
Amezdaou Omar : bengri, voix ; Amezdaou Hmad, Amezdaou
L’Houssein, Amezdaou Abderrahmane, Oumansour
Mohamed, Amahane Omar, Amahane Mehdi, Agja Abdesslam
: tart, voix
Outaamart Oudda, Oulhaj Fatima, El Krimi Fattouma,
Akdim Mahjouba, L’Khrraz Yamma : voix
Extrait
audio
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L’ahwash est pratiqué par les communautés
berbères du Haut-Atlas et de l’Anti-Atlas,
plus particulièrement par celles parlant le dialecte
tachelhit. Il existe dans le Moyen-Atlas, plus au nord-est,
une autre forme comparable appelée ahidous, qui s’en
distingue aussi bien par ses rythmes et ses chorégraphies
que par ses costumes. En tamazigh (la langue berbère),
le mot ahwash signifie littéralement « enclos
» ; il comporte l’idée d’espace
fermé, de cercle. L’ahwash est un événement
festif faisant appel à la danse, à la musique,
à la poésie, aux costumes et à l’apparat.
Toute la communauté villageoise peut en principe
participer à l’ahwash ; mais de fait, dans
chaque village, certaines personnes, hommes et femmes, se
révèlent plus douées, plus «
performantes » que d’autres en fonction de leur
héritage familial et de leurs qualités personnelles
dans les différents domaines concernés.
L’ahwash a lieu chaque année
en été, de mi-juillet à septembre,
entre la période des moissons et des récoltes
et celle des labours. L’occasion principale est celle
des mariages, mais toute autre célébration
peut être le prétexte d’organiser un
ahwash. Il ne semble pas que l’ahwash ait de connotations
religieuses ni symboliques. Il est avant tout une manifestation
de l’identité, de l’harmonie et du sens
esthétique de la société villageoise.
Les chants et les danses de l’ahwash
sont pratiqués aussi bien par le groupe des hommes
que par celui des femmes, vêtus de leurs costumes
de fête : grand burnous blanc, turban et sabre en
bandoulière pour les hommes, caftan brodé,
large ceinture et diadème traditionnel pour les femmes.
En revanche les instruments ne sont joués que par
les hommes : il s’agit des tambours sur cadre tart
ou allun (bendir en arabe), toujours en grand nombre, et
d’un grand tambour tubulaire, appelé bengri
(tabl en arabe).
Les paroles des chants peuvent concerner
tous les aspects de la vie, aussi bien sociale et économique
qu’esthétique ou spirituelle. Elles traduisent
en termes poétiques les préoccupations des
villageois : éloges, critiques, règlements
de compte, expressions de rancune, déclarations amoureuse.
Elles proviennent aussi bien de la tradition orale, de la
mémoire collective, que d’improvisations spontanées,
suscitées par des événements ou des
problèmes actuels liés par exemple à
la politique, aux médias ou à l’émigration.
Chaque génération a donc la possibilité
d’enrichir le patrimoine et certains poètes-chanteurs
sont réputés bien au-delà de leur cercle
villageois.
L’ahwash est bien une pratique collective
; réunissant facilement plus de cinquante participants,
il se pratique généralement de nuit. Un soliste
lance le chant, bientôt soutenu par le chœur
des hommes et les youyous des femmes sur l’accompagnement
des tambours. Souvent complexes, les chorégraphies
se développent progressivement, marquées par
une accélération graduelle du tempo. Elles
sont parfois exécutées par deux rangs qui
se font face, parfois en ronde, les danseurs entourant alors
les tambourinaires.
En principe, chaque village possède son propre style
et sa propre troupe, dirigée par un homme qu’on
appelle amghar, qui est responsable de l’ensemble
(lâmt) et du déroulement musical et chorégraphique
de l’ahwash. A la fin d’une séquence,
c’est par exemple lui qui va signifier le passage
à la suivante en appliquant certains codes connus
de tous.
L’ahwash que nous accueillons est
celui d’Aït Iktel, petit village perché
sur les contreforts du Haut-Atlas, hors de tout circuit
touristique. Il est aujourd’hui reconnu comme un des
plus beaux et les mieux structurés de la région,
notamment du fait qu’il est soutenu par les organisations
communautaires locales, ce qui n’est pas le cas partout.
Le
festival "Nuits du Maroc" bénéficie
du soutien de :
Département
de la culture de la Ville de Genève, du Département
de l’instruction publique de l’Etat de Genève,
de la Direction du développement et de la coopération,
DDC, de la Loterie romande, de Migros Pour-cent culturel
et de la Radio Suisse Romande, Espace 2.